Dialogue avec les gens qui me détestent

Gabrielle Hurteau, éditorialiste

 

 

«Conversations with people who hate me» , c’est le titre du nouveau podcast de Dylan Marron. C’est un homme, un activiste, un humoriste et une figure publique connue sur les réseaux sociaux. Il se présente au travers de vidéos telles que «Unboxing» , une série présentée par Seriously TV où il déballe, comme un cadeau, des concepts idéologiques et sociaux. Entre autres, on peut y voir un déballage de la brutalité policière, de la misogynie et de la suprématie blanche aux États-Unis. Il s’identifie ouvertement comme un homme gai dans un mariage très heureux, le chanceux. Il est également le créateur de la page Tumblr «Every Single Word» , un blog dédié à la publication de vidéos dans lesquelles on peut voir des films culte, tels que Nos étoiles contraires, E.T, Harry Potter et plusieurs autres, uniquement au travers des peu de phrases dites par des personnes de couleurs.

 

Récolter de la haine

Son travail sème admiration et applaudissements autour de lui, mais il récolte également une quantité incroyable de haine en ligne. Ses sujets sont controversés, notamment sa série de trois parties «Sitting with trans people in bathrooms», où il discutait avec des gens de la communauté trans* dans leur plus grand milieu de persécution : la salle de bain. On peut facilement comprendre pourquoi ses vidéos créent un sentiment d’inconfort chez quiconque s’y opposant, car on aborde des sujets opprimants en les tournant à l’absurde, ce qui a une fâcheuse tendance à venir piquer les gens dans leur conservatisme.

Faire du bien avec le mal

Dylan, c’est pas un n’importe qui. Il sait exactement ce qu’il fait, et n’a jamais cessé de faire valoir son message. Selon lui, la conversation est le meilleur outil pour résoudre des conflits. Il se sert de l’humour, de la compassion et de la gentillesse pour faire comprendre aux gens qu’un humain a une valeur propre et unique. Dans chacun de ses projets, on peut le voir discuter avec des gens, tous aussi différents les uns des autres. C’est pourquoi, pour lui, il était naturel de transformer les messages de haine qu’il recevait en projet productif, positif et éducatif. C’est de là que naît «Conversations With People Who Hate Me» , un podcast anglophone qui vise à dialoguer avec des opposants, des divergents et des gens qui détestent notre existence. Il discute avec un jeune étudiant, des victimes d’intimidation, des gens qui sont homophobes sans le savoir, qui le traitent de «tas de marde» et de beaucoup d’autres choses. Il lui arrive parfois même d’être confronté à des gens qu’il admire, mais qui,eux, ont une vision négative de ses propos.

 

Parlons-en, un instant

Ce qui est bien, avec ce podcast, c’est son concept. Une discussion au téléphone, où deux êtres humains discutent, parlent de sentiments, de vécu, de vraies affaires, sans jamais essayer de convaincre l’autre. Les propos sont basés sur des «je pense que» et des «selon moi» qui rendent la conversation tellement plus ouverte à la nuance. Malgré la gêne provoquée par certains de ses interlocuteurs, Dylan reste calme, mentionne les différences et les similitudes des deux points de vue, pose des questions et en retour, se fait poser des questions. À la fin de la conversation, il révèle le titre du podcast, n’oubliant jamais de demander la fameuse question : «Me détestes-tu?», ce à quoi chacun des invités répond rapidement que ce n’est pas une question de haine, simplement de divergence de point de vue. On passe de gens hostiles à travers un écran à deux humains, conversant poliment, riant même parfois ensemble hormis leurs points de vue aux antipodes, en quarante-cinq minutes.

 

Dans le fond, parlons tout court

La série n’en est qu’à une dizaine d’épisodes, et jusqu’à maintenant, lorsque posée la question «Regrettes-tu d’avoir envoyé ce message?», tous les invités ont répondu ne pas regretter, car de cette haine unilatérale est née une conversation positive entre deux humains. Au final, tout le monde en ressort grandi. Même moi, dans mon petit chez-moi, je me sens habitée par certains des propos et chaque épisode me fait réfléchir. C’est un peu ça, ma conclusion. Que toi aussi, tu peux, même sans podcast, générer une conversation avec des gens qui te détestent. Réponds donc à Ginette, sur l’article de TVA Nouvelles. Tu sais pas, elle a peut-être bien des affaires à t’apprendre, quand elle laisse sa petite frustration personnelle de côté. Selon moi, c’est que du positif qui peut en ressortir. Cela dit, reste calme, prends sur toi, pis discute. Essaie pas de convaincre quelqu’un par la force que toi, ce que tu penses, c’est meilleur, parce que dans le fond, c’est subjectif. Fais pas juste parler, tais-toi pis écoute aussi.

 


 

Le journal d’Armand Corbeil se transforme, cette année. Plus simple, plus grand, plus à l’image de l’école et des gens qui vivent dedans, on redécouvre et on innove la manière de présenter une nouvelle. Dans ton journal, chaque semaine, t’as du monde comme moi, Gabrielle Hurteau, qui vont te parler des p’tites choses de la vie pis des opinions qui en émergent, t’as des passionnés de la nutrition qui vont te donner des idées de bonnes affaires à mettre dans ton «body», t’as des bédéistes d’ici, t’as des lecteurs assidus qui vont te recommander plein de livres pour ta prochaine lecture libre en français, en plus d’une quantité incroyable de journalistes dévoués, qui te mettent à niveau sur ce qui se passe dans l’école. T’as même un membre du conseil d’élèves pour te tenir au courant de ce qui se dit, entre les quatre murs de la salle de conférence. Tu as maintenant accès à plus de contenu, à plus de photos, tout ça, sur le bout de tes doigts. C’est quand même pas pire, moi j’trouve.

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