La culture du viol

Gabrielle Hurteau, éditorialiste

Si je te parle de pression par les pairs, sais-tu c’est quoi?

Selon le dictionnaire de Cambridge, la pression par les pairs, c’est la «forte influence d’un groupe sur ses membres, qui les incite à agir comme tout le monde».

C’est ce qui fait que tu joues à « vérité ou conséquences » avec tes amis même si personne n’a vraiment envie de faire les conséquences. Quand le groupe devient la société, ça s’appelle la pression sociale, qui porte la même définition. C’est ce qui explique pourquoi tout le monde semble soudainement faire l’acquisition de souliers Nike ou Adidas. C’est pour ça qu’une femme va accepter de rentrer à la maison avec un homme, malgré le fait qu’elle a tout sauf l’envie de se déshabiller. C’est la pression sociale qui fait en sorte que les gens ont peur de dire «arrête», ou même, plus simple «non». Dans le cas de la sexualité, on parle de pression sexuelle. Ce qui différencie la pression sexuelle de la pression sociale, c’est que parfois, le groupe qui opprime, ça peut être juste une personne. Un humain, qui met de la pression à un autre être humain. Ça peut sembler plus simple, vu comme ça, de dire non à une seule personne, dans une fête, qui vous touche un peu trop à votre goût. Mais quand la personne qui te touche a environ quatorze têtes de plus que toi, qu’elle te serre un peu trop fort et qu’elle te fait peur, ta voix intérieure se met un peu à trembler, disons. Évidemment, tu tenteras de t’en éloigner, tu vas peut-être même lui sortir la phrase «S’cuse moi, mais je suis lesbienne» pour éviter qu’il tente de te charmer plus longtemps que nécessaire. Malheureusement pour toi, la culture du viol va lui avoir enseigné quelque chose de très important : «Si je t’évite, c’est parce que je te veux». On sait tous que lorsque quelqu’un est intéressé, il va faire tout en son pouvoir pour passer le moins de temps possible en ta compagnie.

Le blogue d’Emma : https://emmaclit.com/2017/11/27/cest-pas-bien-mais/

La culture du viol part de l’idée que l’homme est dominant et que la femme est soumise. Culturellement, et ce, depuis des siècles, la femme a été vue par plusieurs communautés comme une machine à bébé(s). On allait même parfois jusqu’à couper le testicule gauche des hommes, car la croyance disait que celui-ci était la cause de la présence des femmes. C’est pourquoi aujourd’hui, si un homme tente de complimenter une femme dans le train, à 8 heures du matin, celui-ci a le droit de se plaindre et d’exprimer publiquement son mécontentement si elle lui répond «Je ne suis pas intéressée». Elle n’avait pas nécessairement envie de se faire complimenter. C’est de faire la déduction que la femme désire constamment l’autre personne, même si celle-ci n’a émi aucun signe d’intérêt, qui est signe de la culture du viol. Elle devrait être contente de se faire dire qu’elle est belle.  Elle aurait tout simplement dû accepter son invitation, mais sans jamais y répondre. Comme ça, l’homme en question aurait pu la traiter de tous les noms qu’il désire dans le confort de son salon, plutôt que devant des dizaines de passagers, coincés dans le train. Évidemment , il est important de nuancer et de dire qu’une femme interpellée dans le train ne pourrait pas automatiquement s’écrier être une victime de harcèlement. Il n’est pas nécessairement négatif de tenter de séduire une autre personne. Seulement, si celle-ci te dit «Merci, mais non merci», tu peux juste l’accepter, même si ton ego est heurté, faire ton bout de chemin, et continuer ta vie, tranquillement. Le harcèlement vient en compte quand on prend le refus comme une offense personnelle, et qu’au lieu de garder sa frustration pour soi, on la projette à l’autre, insinuant qu’elle devrait se sentir mal. La culture du viol crée une mentalité où la victime a constamment tort. Elle est responsable, parce qu’elle aurait dû se laisser soumettre sans réfléchir au désir inexistant qu’elle éprouve pour cette personne. C’est une relation de chasseur et de chassé, dans plusieurs cas. Il m’évite, alors je vais le suivre. C’est une forme de violence. Avec la culture du viol, ce sont des interactions primates et sauvages qui dominent, pas le respect.

En bref, la culture du viol affecte tout le monde. Elle résulte du fait qu’une personne priorise ses désirs sexuels et romantiques au respect de la personne avec qui il veut développer ses désirs. Ne vous sentez pas mal de faire la cour, n’arrêtez surtout pas de séduire, c’est grâce à la romance que nous sommes arrivés sur terre. Gardez seulement en tête cette règle simple : «Non, c’est non».

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