Hate List, la vie après un drame

Virginie Lessard, critique littéraire

Récemment, j’ai eu la chance de lire le roman Hate List de Jennifer Brown. Ce livre de 390 pages, publié aux Éditions Albin Michel, traite d’un lourd thème. Ce roman psychologique aborde le sujet des tueries dans les écoles et leurs multiples impacts.

Si vous désirez en apprendre plus sur le genre psychologique, je vous invite à lire ma précédente critique sur le roman L’emprise.

Imaginez que vous êtes en couple et que votre copain se serve d’une liste, comportant les noms de ceux vous ayant fait du tort et que vous haïssez, pour commettre une tuerie dans votre école, à votre insu. Imaginez qu’il se suicide ensuite et que vous, vous êtes vivante, mais accusée par tous d’être également responsable. Imaginez comment serait votre retour en classe après un tel drame. Difficile à vous imaginer, vous ne trouvez pas? Pourtant, c’est exactement ce que vit Valérie dans Hate List. Le livre vous invite à comprendre ce qui a pu mener à ce drame, qui semble inexplicable, à l’aide de « flashbacks » et nous invite à suivre Valérie dans sa vie, suite à la tuerie. Je ne vous en dis pas plus et je vous laisse découvrir par vous-même ce récit touchant. Maintenant, sans plus attendre, voici ma critique de Hate List.

Tout d’abord, j’ai beaucoup apprécié le réalisme de l’histoire. En effet, l’auteure tente de tout exposer de façon fidèle à la réalité. On ne romance pas la tragédie qui a eu lieu, on présente autant les victimes et que les coupables comme des humains ayant à la fois des défauts et des qualités. Il y a tout un processus mental qui s’effectue chez chacun des personnages. On est touché par ce qu’ils vivent, et ce, pour chacun d’entre eux, sans exception, le livre entier est touchant, car on pourrait facilement imaginer ces événements se dérouler dans la vraie vie. Rien n’est précipité, tout est expliqué par une logique relevant d’une compréhension extraordinaire de l’esprit humain par l’auteure. En lisant le livre, on réalise que chaque humain a la capacité de faire le bien ou le mal et que le choix nous revient. C’est ce qu’on va explorer et découvrir avec le parcours de Valérie. Parcours qui est réaliste de par son aspect extrêmement humain. Bref, Hate List est un récit poignant du pire et du meilleur de la nature humaine dans son côté le plus réaliste possible.

Ensuite, un autre aspect que j’ai beaucoup apprécié, et qui contribue au poignant de l’œuvre, c’est la construction du roman. En effet, le roman comporte des extraits du passé, avant la tuerie, de moments lors de la tuerie, du présent, post-tuerie, avec l’adaptation des personnages, et des extraits d’articles tirés de reportages sur la tuerie et ses victimes. Tous ces éléments permettent une compréhension optimale des événements du récit. De voir le changement entre l’avant et l’après la tragédie vient chercher le lecteur et donne un sentiment d’attachement avec l’histoire. En lisant les événements sous tous ces différents angles, j’ai été encore plus bouleversée par ceux-ci. Il est impossible de lire les extraits d’articles sans être profondément ébranlé par ces derniers. On a l’impression de connaitre les victimes et on souffre de leur perte. On sympathise avec les épreuves que vivent les personnages, car on connait l’ensemble de leur parcours. Bref, voir une histoire dans son intégralité et avoir accès à tous les détails la composant vient renforcer l’attachement du lecteur pour le récit.

Un autre point que j’ai beaucoup aimé est les thèmes qui sont abordés dans le roman. Au‑delà de celui de la mort qui est assez présent et traité sous différents points de vue. On explore également une multitude d’autres thèmes qui viennent rejoindre les adolescents. Celui qui m’a le plus marquée et qui est, selon moi, le thème principal de l’histoire, est celui de l’acceptation. Il y a l’acceptation des autres et l’acceptation par les autres. Il s’agit de quelque chose de vital chez la plupart des jeunes. On veut être accepté socialement et c’est normal. Si les personnages s’étaient plus acceptés les uns les autres, y aurait-il quand même eu la tuerie? Je ne le sais pas. Par contre, l’acceptation, c’est aussi au niveau de soi. Il faut savoir s’accepter comme on est. Il est difficile d’accepter les autres si on ne s’accepte pas soi-même. Je pense que le responsable de la tuerie avait aussi de la difficulté à s’accepter. L’acceptation est aussi vue dans le roman par le fait qu’il faut accepter de laisser les choses changer si l’on veut pouvoir s’épanouir, car la vie est ainsi faite. Bref, Hate List comporte des thèmes qui font réfléchir sur la vie.

Finalement, j’ai été tout à fait bouleversée par ma lecture dont je me souviendrai longtemps. J’ai beaucoup aimé le récit de Jennifer Brown et je pense que tous devraient le lire. Malheureusement pour les cinéphiles, il n’existe pas de version cinématographique. Sur ce, je vous souhaite de bonnes lectures et on se retrouve dans une prochaine critique.

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