La journée barcamp, la technologie en milieu scolaire

 

Quand on envoie un groupe d’élèves dans une école inconnue à la recherche d’apprentissages technologiques, la surprise est au rendez-vous, que celle-ci s’avère être bénéfique ou pas. Lors du BarCamp 2018, qui avait lieu à l’école Jean-Baptiste-Meilleur, les élèves membres du JAC furent invités à couvrir l’événement. Armés de nos dictaphones, nous sommes partis, et nous avons visité les lieux, d’une conférence à l’autre, en prenant en note chacun des éléments et détails que nous pouvions apercevoir.

Le barcamp est une journée qui a pour but de « faire la promotion de l’intégration des technologies en situation d’enseignement et d’apprentissage par des acteurs du milieu. C’est aussi de favoriser une intégration des TICE (technologies de l’information et de la communication pour l’enseignement) dans les pratiques et de favoriser l’engagement scolaire des élèves. » Cette rencontre est réservée aux enseignants et désire les initier aux technologies pédagogiques, afin que leurs jeunes puissent utiliser la technologie pour parfaire leurs connaissances et apprendre davantage. Chaque enseignant inscrit se voit distribuer une liste d’ateliers, séparés en blocs de cinquante minutes, auxquels il doit s’inscrire. Les blocs présentés touchent tous de près ou de loin à la technologie, que ce soit l’usage d’Office 365, la classe inversée, les enjeux de la technologie dans nos salles de classe ou même la robotique. Les enseignants du primaire et du secondaire se rassemblent et assistent aux ateliers qui, selon eux, sauront enrichir la présence de la technologie dans leur milieu scolaire. Le barcamp présentait près de 40 ateliers, dont 26 animés par des enseignants de la Commission Scolaire des Affluents.

« Faire la promotion de l’intégration des technologies en situation d’enseignement et d’apprentissage par des acteurs du milieu. C’est aussi de favoriser une intégration des TICE (technologies de l’information et de la communication pour l’enseignement) dans les pratiques et de favoriser l’engagement scolaire des élèves. »

Anne-Sophie Letellier

Une des figures importantes présente lors de l’événement est Mme Anne-Sophie Latellier, adjointe de recherche à la Chaire de recherche du Canada en Éducation aux médias et droits humains. Elle fit le mot de bienvenue du barcamp, en plus de présenter un atelier intitulé « Citoyenneté numérique & éducation aux médias », dans lequel elle aborde la définition d’un média en comparaison aux TICE, en plus de la définition de la citoyenneté. Son atelier tournait principalement autour de l’éducation en lien avec les médias, notamment sous l’angle des avantages que l’éducation aux médias peut apporter aux individus en société. En plus de tous les ateliers présentés, sur place se trouvait le « salon des exposants » où se trouvaient près d’une quinzaine d’exposants venant présenter leurs organismes et activités en lien avec la technologie. On pouvait voir entre autres le Créalab et Ma Carrière Techno. Nous avons eu la chance d’effectuer des entrevues avec certains d’entre eux.

Tout d’abord, nous avons pu nous entretenir avec Anne-Sophie Letellier de la Chaire de recherche en Éducation aux médias du Canada. Selon elle, la recherche documentaire et l’éducation aux médias permettent au monde scolaire de mieux se servir des technologies dans l’enseignement. La Chaire travaille pour aider les enseignants et les élèves et vise un renforcement de l’utilisation des médias dans les écoles en permettant un tout qui est formateur. Une journée comme le barcamp va donc dans le sens de ce que la Chaire cherche à promouvoir en leur permettant d’observer la manière dont la technologie est utilisée pour encourager de plus en plus l’utilisation de celle-ci. Elle soutient que la Chaire cherche à valoriser une utilisation responsable des outils multimédias et espère voir les ressources dans ce domaine augmenter dans le futur. Une priorité pour Mme Letellier est le respect des droits de la personne dans son utilisation de la technologie, en offrant une éducation aux jeunes pour qu’ils puissent en faire une utilisation responsable. Au lieu de bannir l’utilisation des téléphones en classe, par exemple, elle expliquait qu’il serait plus logique d’effectuer une sensibilisation auprès des élèves et du personnel enseignant, afin de démontrer la bonne manière de s’en servir. Si le jeune comprend qu’il est préférable d’utiliser la technologie de façon pédagogique en classe, il est beaucoup plus avancé, selon elle, que s’il ne peut pas s’en servir du tout. Elle déplore le fait que les gens ne prennent pas le temps de s’interroger sur les technologies. À son avis, non seulement il faudrait savoir les utiliser, mais également les comprendre pour contrer la désinformation du monde informatique. De plus, une bonne connaissance du monde des médias et de son fonctionnement permet une meilleure cybersécurité pour les utilisateurs. Bref, selon elle, une utilisation responsable de la technologie se trouve dans le questionnement et la distance critique envers celle-ci pour permettre de faire des choix informés et éclairés.

Ensuite, nous avons échangé avec Éric Ladouceur, le coordonateur des services de la commission scolaire. Selon lui, cette deuxième édition du barcamp représente un franc succès, puisque le nombre de participants a doublé et qu’il y a l’ajout du salon des exposants qui n’était pas présent l’an dernier. Il souhaiterait la tenue d’une troisième édition avec une ampleur encore plus grande. Selon lui, cette journée est utile, car les technologies de l’information sont un incontournable dans le monde scolaire et permettent d’augmenter les réussites des jeunes en favorisant un apprentissage dynamique. Cela vient permettre aux enseignants d’en apprendre plus sur cette nouvelle manière d’enseigner et, selon lui, la commission a un retard à ce niveau qu’elle peut rattraper avec un événement comme le barcamp. À son avis, les enseignants qui ont la chance d’échanger entre eux peuvent permettre de plus en plus l’intégration des technologies dans les écoles. Il affirme que la technologie est un domaine qui évolue constamment et que, dans le futur, on pourrait peut-être voir l’apparition de deux barcamp par année, tant ils sont formateurs. Selon lui, les technologies ont leur place dans le monde de l’éducation, car elles augmentent la productivité et facilitent le travail tout en permettant de nouvelles stratégies d’apprentissage. Bien entendu, tout doit se faire de manière pédagogique pour permettre la réussite. Il faut viser à montrer la bonne manière de se servir des outils informatiques aux élèves et non les interdire, à son avis. M. Ladouceur croit que la clé d’une bonne utilisation des médias se trouve dans la sensibilisation et la prise de conscience chez les jeunes. Selon lui, une utilisation responsable de la technologie, c’est une utilisation qui permet de développer des passions et de faire de nouveaux apprentissages sans entrer en conflit avec les droits des hommes. Bref, pour lui, on doit se servir de la technologie pour susciter de nouveaux intérêts chez les gens.

 

 

Nous nous sommes également entretenus avec Daniel Forest, le directeur général adjoint de la commission scolaire et Luc Moisan, directeur adjoint des services éducatifs de la commission scolaire. Selon eux, la journée barcamp est une excellente initiative et l’ajout, pour cette deuxième édition, du salon des exposants est une très bonne idée. Il s’agit d’un événement positif qui permet d’apporter une nouvelle façon de se servir de la technologie dans un cadre éducatif. Ils ne croient pas qu’on devrait interdire l’utilisation des cellulaires en classe, mais plutôt informer les jeunes sur la manière de bien s’en servir. De plus, à leur avis, si on enseigne comment on peut l’utiliser à des fins pédagogiques, les élèves auront moins tendance à s’en servir autrement en classe. Selon eux, une utilisation responsable ne nuit pas aux autres et n’empêche pas d’avoir de bonnes relations avec les gens qui vous entourent. Bref, si vous ne pouvez pas respecter ces principes, vous devriez revoir votre utilisation de la technologie.

Avant d’aller visiter le salon des exposants, nous avons échangé avec Julie Beaupré, conseillère pédagogique en informatique au primaire et une des organisatrices de l’événement avec Steve Létourneau, conseiller pédagogique en informatique au secondaire. Mme Beaupré pense que la journée barcamp est inspirante et permet aux enseignants d’innover dans leurs méthodes en allant chercher de nouvelles idées. La différence avec l’an passé est l’augmentation du nombre d’ateliers et de participants, qui a pratiquement doublé, ainsi que l’ajout du salon des exposants. Elle souhaitait apporter de nouvelles idées aux enseignants pour qu’ils puissent changer leur pratique en y intégrant les technologies, dans le but d’enseigner avec des méthodes modernes aux jeunes. Selon elle, la technologie a sa place dans le monde de l’éducation et les professeurs doivent savoir s’en servir. Bien entendu, le risque que le jeune en fasse une mauvaise utilisation est toujours présent, c’est pourquoi on doit leur montrer comment bien s’en servir pour qu’il puisse l’utiliser pour développer de nouvelles compétences et acquérir de nouvelles connaissances. À son avis, c’est le rôle de l’enseignant de montrer le potentiel pédagogique que peut avoir la technologie à ses élèves. Selon elle, une utilisation responsable de la technologie est possible lorsqu’on utilise le bon outil, au bon moment, de la bonne manière, pour aller chercher l’information qu’on veut pour bien la communiquer, dans le but d’effectuer la tâche qu’on veut accomplir. Bref, pour bien se servir des technologies, il faut d’abord les connaître.

Étant donné qu’il s’agissait de la grande nouveauté de cette deuxième édition, nous ne pouvions pas faire autrement que d’aller visiter le salon des exposants. Nous avons pu rencontrer plusieurs personnes et visiter divers kiosques tous fort intéressants. Voici le compte-rendu de trois de nos visites.

De gauche à droite : Virginie Lessard Renaud Boisjoly et Marc Michaud

Tout d’abord, nous avons visité le kiosque de Studyo qui était tenu par Renaud Boisjoly. Studyo est une compagnie qu’il a fondée pour aider les élèves à s’organiser. Il s’agit d’un gestionnaire de tâches et de temps, supportant n’importe quel horaire, qui permet à l’élève de prendre ses propres décisions et de planifier lui-même son emploi du temps. Cela lui permet une bonne organisation de leur temps, tout en ayant le contrôle de son temps. Contrairement à l’agenda papier, Studyo permet aux jeunes de voir tous les travaux qu’ils doivent effectuer à long terme sur une ligne du temps interactive. Grâce aux notifications, il est facile de se souvenir de tout ce qui doit être effectué, en diminuant les risques d’oublier de faire quoi que ce soit. Les enseignants peuvent eux aussi bénéficier de cet agenda en ligne, puisqu’il existe un module conçu pour eux. Un autre avantage se trouve dans le fait que n’importe qui, consultant votre agenda, pourra le comprendre, car il est toujours bien organisé, bien écrit et soigné. Visuellement, étant donné que chaque tâche correspond à une icône, il est facile pour les utilisateurs de se repérer pour savoir quoi effectuer. Selon M. Boisjoly, une utilisation responsable de la technologie permet d’accomplir quelque chose d’une façon motivante sans faire de tort à quiconque durant le processus.

Ensuite, nous sommes allés voir le kiosque de GénieMob tenu par Évelyne Drouin. Il s’agit d’une association d’artistes et d’ingénieurs collaborant avec des adolescents pour réaliser des ateliers de création pour des enfants du primaire. Prenant pour intermédiaire la technologie, notamment par l’assemblage de circuits électroniques, ils cherchent à faire ressortir l’inventivité des petits participants, allant jusqu’à leur offrir une aide pour créer et faire aboutir leurs propres projets. Si cette belle organisation vise à susciter l’intérêt des plus jeunes pour la création et les technologies, elle permet surtout à des enfants trop souvent marginalisés (possédant, par exemple, des troubles de comportement ou d’apprentissage) d’évoluer et de communiquer avec des jeunes de leur âge dans un milieu sécuritaire et sain, prompt à leur développement. Mme Drouin, une artiste connue dans le milieu sous le pseudonyme de « Dj Mini », est la fondatrice de GénieMob. Nous avons eu la chance de lui poser quelques questions afin de découvrir quel regard elle pouvait bien porter sur la technologie et sur ce qu’elle pouvait apporter à la jeunesse et à la société en général. Elle nous a répondu qu’une utilisation responsable de la technologie était écologique et créative, qu’il fallait donc promouvoir la réutilisation de pièces, que ce soit à des fins utilitaires ou artistiques. Toujours selon elle, l’existence sur le marché d’appareils entièrement préconçus ne devrait pas rendre réticents à l’apprentissage et à la découverte par expérimentation.

Dans la même suite d’idées, cette fois visant directement les jeunes adultes, nous avons visité le kiosque du Créalab tenu par Ismaël Bellil. Cette organisation a pour objectif, comme GénieMob, d’encourager la créativité et le développement personnel en exploitant les possibilités offertes par les nouvelles technologies. En plus de cela, les adolescents ont la possibilité de se rejoindre dans ce centre de création numérique pour socialiser, discuter ou simplement passer du bon temps. Le Créalab est autant un lieu de divertissement, d’interaction et d’échanges, qu’un milieu favorisant l’apprentissage et la découverte. Concrètement, l’endroit offre un service public d’« assistance à la création » et met des outils numériques à la disposition des adolescents qui souhaitent, par exemple, faire du montage vidéo, programmer (ou même jouer) à un jeu vidéo, réaliser une composition musicale, un film, tout cela sans dépenser le moindre sou! Des frais n’entrent en ligne de compte que lorsque l’utilisateur repart avec un produit dit « consommable » : l’utilisation de l’imprimante 3D, notamment, ne demandera rien de plus que de couvrir le coût du plastique ayant servi à l’impression de l’objet voulu. Lorsque nous avons questionné M. Bellil, qui est chef de section au Créalab, sur ce qu’était, selon lui, une utilisation responsable de la technologie, il nous a répondu qu’il fallait garder en tête l’impact environnemental de ce que nous produisons, en prenant pour exemple l’imprimante 3D utilisant du plastique pour fabriquer des objets. En plus de cela, il a affirmé qu’il y avait toute une réflexion éthique et sociale à avoir durant la réalisation de certaines créations. Cela serait, en effet, nécessaire si l’on souhaite veiller au respect des autres et à la propagation d’idées saines pour, au final, avoir un impact aussi positif que possible sur la société moderne.

Finalement, la journée barcamp est une bonne manière pour les enseignants de s’informer sur les technologies et la façon dont ils peuvent s’en servir en classe. Il s’agit d’un événement bénéfique pour eux dans le sens où il permet de faire avancer le monde de l’enseignement pour le rendre plus moderne.

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1 thought on “La journée barcamp, la technologie en milieu scolaire

  1. Merci Gabrielle, Mohamed Adam et Virginie pour cet article.
    C’est exhaustif, bien rédigé et rigoureux.
    Je vous encourage à développer ce talent en communication.
    Les passionnés ont toujours leur place!

    Julie

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