Au revoir Corbeil !

Cher Armand-Corbeil,

Je m’étais promis de ne rien t’écrire de «cheesy» pour la fin de mon secondaire… Mais que serait un aurevoir sans un peu d’émotions?

Premièrement, tu nous en as vraiment fait voir de toutes les couleurs. Des larmes de découragement à cause d’un mauvais examen et des surplus de récupérations à la fierté d’avoir enfin terminé de faire un septième lien avec le profil de l’apprenant. Des sorties au théâtre à une discothèque italienne en passant par les dortoirs de l’école de la mer à Tadoussac. Certains y ont vécu des files d’attente beaucoup trop longues pour un sandwich, des fêtes d’Halloween hors du commun et des Saint-Valentin passées avec des chiffres tatoués sur les avant-bras au Sharpie pour trouver sa paire.

On y est rentrés enfants, à peine âgés de douze ans, prêts à affronter le monde des grands et les joueurs de football de 6 pieds 8 dans des corridors beaucoup trop étroits. On en ressort cinq ans plus tard en réalisant que c’était juste une illusion: c’est pas si le fun que ça, le secondaire 5! On est loin des films américains et on doit commencer à penser sérieusement à notre vision de la vie. C’est maintenant qu’on entre dans le monde des grands. Une chance qu’on t’a eu, toi, et des enseignants d’exception pour nous épauler et nous faire grandir. J’aurais pu passer ma vie sans savoir ce qu’était un logarithme…T’imagines?

Il y a des choses qui, après cinq ans, restent et resteront des mystères: la présence d’un sous-sol en dessous de la piscine, la raison des nombreuses alarmes d’incendies, la présence d’un jardin sur le toit…

Quand j’y pense, nous avons tous tellement de souvenirs dans cette école. Pour ma part, je m’en veux parfois de ne pas en avoir plus profité. À force de chialer sur notre temps de diner trop court pour vraiment avoir le temps d’aller aux galeries, j’ai passé à côté du fait que j’y étais. J’avais la chance d’avoir plein de boutiques à quelques minutes de marche. Quand j’aurai un emploi et une famille, aller diner au centre commercial avec des amies risque de se faire plus rare. Il en va de même pour l’heure du début des cours… Qui n’a pas déjà maudit d’attendre l’autobus à 7h00 (ou même 6:45!)  dans le noir à -20º? En même temps, qui aurait dû apprécier rentrer chez lui à 15h00 chaque jour? Au cégep, apprenons à voir le verre à moitié plein.

Finalement Corbeil, bien que tu nous aies parfois obligés d’apprendre certaines choses (les classes d’espagnol auraient sûrement été moins peuplées!), j’en suis et serai toujours reconnaissante. Quand j’ai compris ce que disaient deux Cubains qui essayaient de nous avoir dans un marché ou que j’ai pu identifier un crustacé en Gaspésie quatre ans après Tadoussac, j’avoue avoir été fière. De moi, mais de toi aussi. Fière de dire que j’avais une école qui faisait autre chose que des mathématiques de base et de la gestion de classe. J’appartenais à une communauté diversifiée et ouverte.

Et si jamais un jour je me fais dire de rester jazz, si je sens l’odeur de bagels brûlés dans ma cuisine ou si on me demande si je suis prête à réduire mes déchets, sache, cher Armand-Corbeil, que j’aurai une pensée pour toi et les cinq ans que j’ai passées entre tes murs.

Merci pour tout,

Pénélope, 5ième secondaire, PEI

 

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