11 septembre 1918. La Première Guerre mondiale, qui a fait plus de 20 millions de morts et 21 millions de blessés, s’achève. Aujourd’hui, cet événement reste marqué dans nos mémoires, car il est un des plus importants de l’histoire humaine. Le coquelicot, fleur rouge aux pétales d’apparence fripée, est l’emblème du Jour du Souvenir, célébré le 11 novembre. Outre dans la nature, on retrouve parfois cet emblème sur les plaques d’immatriculation de véhicules ou encore, plus rarement, à la boutonnière de certaines personnes en novembre. Cette fleur rouge a été désignée, car elle était très présente sur les champs de bataille de la Première Guerre mondiale, comme le décrit le poème de John McCrae, nommé Les cimetières flamands (In Flanders Fields), relatant une bataille en Belgique.

 

 

En 2018, cette tradition est plutôt oubliée. Bien que nous voyions « Jour du Souvenir » sur notre calendrier numérique à la date du 11 novembre, elle a perdu sa signification. Ironiquement, le jour où on se rappelle des soldats qui ont fièrement combattu a été oublié. Cet événement peu souligné est malheureusement un concept presque disparu. Il commémorait originalement les nombreux soldats qui ont participé à cette guerre. Si on pense d’abord aux morts et aux blessés, aux familles qui ont perdu des êtres aimés, il nous vient ensuite à l’idée les vétérans. Oui, quelques-uns ont survécu, mais la vie peut être plus dure que la mort. De penser que celui qui est en face de toi, que tu vises du canon de ton arme, aurait pu être un bon ami si la guerre n’avait pas modifié les circonstances. Que celui que tu tueras ne reviendra jamais et que tu lui as coupé les ailes de la seule munition expulsée de ton arme. Que si tu n’étais pas allé au front, le soldat ne serait pas tombé sur ta conscience. La guerre, vile entité, transforme les hommes en monstres et ce, parce qu’ils ont respecté les ordres.

John F. Babcock, vétéran canadien de cette guerre, est mort en 2010. Il n’était jamais allé au front, mais avait été enrôlé dans le Young Soldier Battalion (Bataillon des jeunes soldats) et la guerre s’est terminée avant qu’il ne puisse combattre. Il ne reste plus de vétérans de cette guerre, car elle a eu lieu il y a de cela 100 ans.

À Terrebonne, une statue fait honneur à tous les soldats de cette véritable tuerie. Le Cenotaph du Vieux-Terrebonne représente un militaire, se tenant bien droit, vêtu d’un uniforme, d’un casque et tenant une arme à la verticale. Cette statue souligne le courage de tous les Terrebonniens tombés à la guerre, et témoigne de ce patrimoine dont il ne reste plus que des braises.

 

Pour les jeunes, cette tradition est un choix à prendre. Elle fait partie de notre patrimoine, mais il semble que bientôt, elle disparaîtra. C’est à eux de décider s’il la conserveront ou la laisseront mourir, car les enfants et adolescents du présent deviendront les citoyens du futur. Ceux qui ne reconnaissent pas l’importance de ce jour ne tiendront pas à le souligner et à le garder vivant, mais ceux qui le connaissent et surtout, qui le comprennent, verront à garder cette partie de notre histoire. Dans tout patrimoine, il y a à prendre et à laisser. C’est un tri qui sera fait dans le monde de demain. Ce qui hier était grand est petit aujourd’hui. Cent ans, c’est un fragment de notre histoire. À savoir si ce fragment, nous reconnaissons son importance, et si nous soufflons sur ses braises pour les rallumer.

 

 

Par Amélia Gélineau

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