Quarantième long métrage réalisé par Clint Eastwood, La mule est un drame exploitant principalement le thème du regret et de la famille. Au mépris d’une bande-annonce mettant en scène une ambiance désolante, presque cafardeuse, le film dans son ensemble rejette plus de lumière. On nous présente un personnage à son aise et conscient de ses erreurs par rapport au dernier rôle d’Eastwood où il incarnait un vieil homme impitoyable et torturé par le passé il y a de ça 10 ans.

Entre parenthèses, nous remercions Clint pour sa persévérance et son entêtement à pouvoir réaliser des œuvres de qualité avec à sa charge 88 années d’existence.

À plus de 80 ans, Earl Stone est aux abois. Il est non seulement fauché et seul, mais son entreprise risque d’être saisie. Il accepte alors un boulot qui – en apparence – ne lui demande que de faire le chauffeur. Sauf que, sans le savoir, il s’est engagé à être passeur de drogue pour un cartel mexicain.

Clint semble être toujours aussi obstiné à montrer certains aspects plus sombres de l’Amérique. Pourtant, des valeurs plus personnelles restent au cœur de l’œuvre avec un aspect touchant. D’un côté, les reproches des membres de la famille de Earl par rapport à son absence et de l’autre, l’hypocrisie derrière la fratrie du cartel mexicain corrompu par l’argent et le pouvoir. Earl, quant à lui, n’en restera pas indifférent et fera tout ce qu’il peut pour obtenir le pardon ce qui laissera des pistes de réflexions fondamentales à quiconque voudra bien l’entendre.

 

 

Sur le plan technique, Eastwood aura voulu, selon moi, nous faire une balade sur les routes traversant les plaines et les frontières. Cette continuité nous offre de belles images malgré qu’elles peuvent paraitres répétitives. Sinon, rien à reprocher pour l’écriture de plus qu’elle est tirée d’une histoire vraie, ce qui peut paraître comme un frein artistique pour certains.

Comme cette histoire amène un personnage très âgé vers une pente fatale, cela concorde au fait qu’il ne peut échapper à son destin. Quand une œuvre comporte un aspect poétique comme celui-là, elle touchera un public ciblé et sera le fruit d’un acte de conscience personnelle. Malheureusement, d’un point de vue extérieur, cet aspect décevra, selon moi, ceux qui s’attendrait à une histoire pleine de rebondissements et d’intrigues. Pour conclure, La mule reste très touchant dans son ensemble et m’a permis de rêver de moi, 88 ans chantant de veilles ballades à bord d’une camionnette usée sur une route perdue.

Un 15 sur 20 bien mérité

 

Par Joël Burri-Rochon

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