Quand tout va se casser

Notre terre, cette sphère qui semble prendre son pied depuis l’espace. Dès lors, nous l’observons: nous ne voyons qu’un regroupement de vastes étendues d’eau et de terres tournant sur elles-mêmes à travers le silence, la réticence des astres. On réalise ainsi que nous ne sommes qu’une partie de quelque chose de plus grand, quelque chose qui échappe à notre portée.

Cela dit, cette perception ne s’applique que dans l’individualité, mais si on exprimait le tout à l’échelle de l’humanité?

Pourrions-nous distinguer les fissures, les brèches, les portes qui ont été enfoncées ou s’apercevoir après coup que tout s’est déjà cassé?

Eh bien, il se trouve que les techniciens de ce monde, qu’ils soient des scientifiques ou bien des philosophes, ont vu l’iceberg et ont alerté le Titanic.

Pourtant, nous nous rapprochons toujours plus près de la catastrophe.

 

Est-ce parce que nous voulons couler?

 

Non, nous ne voulons pas couler. Comme j’ai essayé de l’expliquer plus tôt, notre perception nous pose des limites et se noie dans la masse de plus que la société de consommation ne nous aide pas du tout.

Mais où je voulais en venir déjà?

Bon, tout va se casser, notre Terre ne disparaîtra pas comme tel du jour au lendemain mais s’il le faut, elle nous dégagera et ne passera pas par quatre chemins pour nous le faire comprendre.

Quand?

Je ne sais pas. Je sais simplement que peu importe quand, il faut agir maintenant et éviter de se morfondre à travers le désespoir comme si tout était déjà trop tard, s’il-vous-plaît.

 

Commençons par examiner les divers problèmes, voulez-vous?

1- La sixième extinction de masse

Alors, je ne vous apprends rien si je vous dis qu’avoir fait disparaître 60% des animaux sauvages en moins de 50 ans nous fait faire face à certaines répercussions.

Pour ce qui est des océans, exterminer 90% des baleines et des requins nous a amenés dans une grave imposture.

En effet, les baleines permettaient d’amplifier la quantité de phytoplanctons, organismes végétaux responsables de l’absorption du CO2 et de 50% de la production d’oxygène consommée par les êtres humains. Pour résumer, le phytoplancton permet de purifier nos océans dans un monde où nous le polluons de plus en plus.

Les requins, quant à eux, avaient pour rôle de réguler la chaîne alimentaire aquatique, ce qui est essentiel à la diversité et à la qualité de la biomasse.

De plus, la profusion de plastique, l’acidification, les zones mortes, le rejet de pétrole et la pollution sonore sont des éléments contribuant au cancer des océans.

De ce fait, les estimations les plus optimistes nous disent que les océans seront pratiquement vides d’ici 30 ans.

Si on se sort un peu la tête de l’eau, on constate que la biodiversité terrestre est à l’agonie la plus totale. Pour parler de notre agriculture, nous avons perdu plus de 90% de la vie de nos sols en 60 ans.

Pour cause, une logique économique et projectiviste non respectueuse de la vie de nos champs. Pesticide, fongicide, herbicide pour labourer la terre sans penser qu’il n’y aura un jour plus rien pour se salir les mains. Si tout le monde connaît les impacts du ravage forestier, il ne faut pas exclure les milliards de mammifères, rongeurs et canidés qui se retrouvent dans des habitats si petits qu’ils n’y survivent pas à moins de se rapprocher de l’homme. L’ensemble de ces facteurs font ainsi régner à travers l’obscurité humaine la sixième extinction de masse.

Singapore, Singapore

 

2- L’épuisement des ressources

Encore aujourd’hui, la plupart de nos décisions économiques et politiques laissent entendre l’idée que nos ressources sont inépuisables.

En vérité, nous avons atteint le sommet de la courbe de production du pétrole en 2006, du gaz en 2010 et du charbon en 2020.

Ces trois ressources énergétiques représentent 92% de notre consommation d’énergie mondiale.

Il ne reste que 4% par le nucléaire, 3% par les barrages hydroélectriques et le dernier pourcentage par les énergies éoliennes et solaires.

Ces dernières sont les seules qui ont le mérite d’être renouvelables si on exclut le stockage des batteries pour les panneaux solaires, les risques d’accidents pour le nucléaire et les migrations de populations pour les barrages.

Il faut s’en rendre compte:  nous n’avons pas de système de production de masse qui soit propre.

Autre obstacle  ; nous n’aurions probablement pas assez de métaux pour tout miser sur l’énergie renouvelable.

En effet, ces ressources sont utilisées en plus grande quantité chaque jour dans la fabrication de nos appareils connectés et généralement dans toute l’industrie. Ceux-ci sont recyclables, mais pour tout dire, seulement 1% des métaux rares de nos téléphones sont réutilisés.

Le plastique, quant à lui, ne se recycle que 7 fois avant d’être totalement inutilisable. Tout ça pour dire que notre système actuel rend l’économie circulaire impossible.

Pour finir, plusieurs phénomènes de société comme le fast fashion ou le renouvellement annuel des téléphones intelligents contribuent à l’ampleur du problème, de plus qu’ils soulèvent d’importantes questions éthiques sur notre économie.

 

3- L’exploitation animale

Étiez-vous au courant que 70% des terres agricoles étaient cultivées afin de nourrir les bêtes que nous allions ensuite retrouver dans nos assiettes?

Cela représente une quantité astronomique d’eau et de ressources alimentaires qui sont en grande partie gaspillées au profit de la déforestation et à la surpêche (les animaux d’élevage étant principalement nourris avec des farines animales de poissons).

Malheureusement, nous n’aurions jamais assez de temps dans cet article pour parler du problème éthique des abattoirs, de la traite des fourrures, des cirques, de la corrida, etc. Je peux toutefois vous référer au mini-documentaire d’Absol Vidéos sur la maltraitance animale. Celui-ci pourra mieux que quiconque vous informer sur le sujet.

 

4- Conséquences climatiques

S’il y a un seul et même problème qui résulte de tout ce qu’on a parlé avant, c’est bien le réchauffement climatique. La production d’énergie, de métaux, de transports et de viande pollue et par le fait même, augmente la température.

Le premier juin 2017, 196 pays ont signé l’accord de la COP 21 qui a pour mission de limiter le réchauffement climatique à moins de 2 degrés à l’excepté des États-Unis, car tout le monde le sait:

selon Trump, le réchauffement climatique a été inventé par les Chinois pour rendre l’industrie américaine moins compétitive.

Bref, même si tous les pays respectent leur promesse en réduisant les gaz à effet de serre, on estime que le climat augmentera jusqu’à 3,5 degrés d’ici 2100. Cela paraît banal, mais dans les faits, c’est absolument gigantesque.

L’Arctique continuera de fondre, l’océan se dilatera, engendrant ainsi une montée des eaux. D’ici cette date, New York et Miami n’existent plus, le Bangladesh non plus.

De nombreuses îles du Pacifique disparaîtront et comme les glaciers du Tibet auront fondus, les 3 principaux fleuves d’Asie seront à sec. Imaginez les répercussions sur des bassins de populations aussi densément peuplées. Les puits diminueront de façon significative dans tout le bassin méditerranéen et les terres agricoles seront de moins en moins prospères.

 

Nombreux devront migrer vers le nord, là où on n’aura pas forcément de quoi les nourrir.

On ne parle pas ici des données les moins optimistes. Il faut savoir que de nombreux chercheurs ont estimé qu’il y a 10% de chance que la température d’ici 2100 n’augmente pas de 3 degrés, mais de 6 degrés, ce qui engendrerait objectivement la fin de l’humanité.

10% ce n’est pas si terrible, me direz-vous. Alors, je vous propose de monter dans un avion qui a 10% de chance de se crasher.

Existe-t-il un monde où nous pourrions maintenir la température de façon à réparer les dégâts? Oui, mais je vais vous la faire courte: vous auriez à diviser votre niveau de vie par 6, mais on va y revenir avant de s’attaquer au dernier obstacle.

5- Les interconnections

Les interconnections sont des liaisons immatérielles se distinguant comme les routes d’un réseau permettant le voyage et le traitement de données quelconques. Ici, je veux parler de notre système financier.

La crise financière de 2008 nous a fait comprendre qu’il suffisait que des banques fassent des paris douteux à la bourse pour engendrer une crise mondiale.

Le problème, c’est l’interconnexion totale de notre système qui surpasse notre perception des chiffres: il suffit d’une erreur de calcul à Wall Street et un employé 10 000 km plus loin se retrouve au chômage.

La presque totalité des experts financiers prévoit une crise économique majeure d’ici les 5 prochaines années et les inégalités se feront sentir à plus grande échelle quand on sait que 90% des richesses mondiales sont détenues par 10% de la population. Cela donne l’impression que le monde a joué une partie de Monopoly qui a duré beaucoup trop longtemps.

 

Et maintenant, qu’est-ce qu’on fait?

 

Votre seul obstacle à l’échelle individuelle, c’est de faire en sorte que vos actions ne se noient pas dans la masse. Vous pouvez devenir minimaliste, votre ami, lui, sera toujours aussi matérialiste. Celui-ci peut réduire drastiquement sa consommation de viande; vous, vous continuerez à en manger tous les jours.

Pour être réellement efficace, voici les 5 initiatives que vous devez prendre en compte.

  • Consommer de façon plus minimaliste et avec recul;
  • Éviter d’utiliser la voiture pour les courtes distances;
  • Limiter sa consommation d’énergie et de viande;
  • Opter pour acheter des produits biologiques;
  • Voter pour un parti qui se préoccupe de l’environnement et qui encourage les 4 initiatives précédentes.

Bien sûr, toutes ces actions en catégorisent des centaines d’autres qui vous permettront de limiter les dégâts pour votre environnement, celles des autres, de vos enfants et de vos petits-enfants. Certains vous traiteront peut-être de rêveur, mais comme a dit John Lennon, vous n’êtes pas le seul. Rêver seul ne reste qu’un rêve. Rêver ensemble devient la réalité.

 

Pour finir, je vous invite à vous inscrire sur Global Footprint Network. Ce site vous permettra de mesurer votre empreinte écologique et vous montrera ce que vous devez faire pour vous améliorer. Après calculs, ceux-ci vous permettront de savoir de combien de planètes nous aurions besoin si tout le monde agissait comme vous. Je vous laisse deviner le défi qui vous reste à accomplir.

Sur ce, merci d’être restés jusqu’ici, nous sommes maintenant à 1688 mots et vous venez d’être déclarés au conditionnel par le journal Armand-Corbeil, expert environnementaliste.

 

Alors, au boulot!

Par Joël Burri-Rochon,

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