Chronique d’une carnivore devenue végétarienne

Depuis toute petite, j’ai été tiraillée entre deux choses que j’aimais : la viande et les animaux. Oui, c’est contradictoire, mais dans ma tête, ces deux choses avaient beau être opposées, elles pouvaient fonctionner ensemble. Aujourd’hui et depuis peu, je suis végétarienne. Comme quoi tout est possible, n’est-ce pas? Je sais cependant qu’il y a des gens qui se trouvent dans la même situation que celle dans laquelle je me trouvais il y a peu de temps, et c’est d’ailleurs à vous que je m’adresse. Oui, vous qui lisez ce texte. Non, je ne cherche pas à vous convertir au culte du végétarisme ou à vous faire sentir mal parce que la viande est encore une part de votre alimentation, mais plutôt à vous dire que même si vous croyez être incapable de devenir végétarien, vous pouvez le faire.

 

Tout commence lorsque nous sommes enfants. Nos parents incorporent graduellement de la nourriture à notre alimentation et à moins d’avoir des parents dont l’alimentation diffère de celle dite « normale », la viande vient éventuellement. Ensuite, elle devient incorporée à notre alimentation quotidienne et on y prend goût, enfin, généralement, parce que certains n’aimeront jamais la viande, pour quelque raison que ce soit. Pour ma part, j’ai toujours adoré la viande : si mon frère ne finissait pas son poulet ou encore mieux, son steak, je ne me gênais pas pour le finir à sa place. Ma mère m’a toujours appelée affectueusement sa « petite carnivore », car il faut l’avouer, la viande a toujours été ce que je préfère dans une assiette. Cependant, je me suis très vite retrouvée avec un autre combat sur les bras : la cause animale. Oui, j’étais celle qui pleurait quand elle voyait un camion transportant des cochons vers l’abattoir sur l’autoroute et un homard entier dans son assiette parce qu’il lui rappelait qu’à une époque, il avait été un animal bien vivant. Mais c’est à l’adolescence que j’ai fait mes choix.

On le sait, à cette période de notre vie, on cherche un peu qui on est. Nos convictions personnelles et nos valeurs commencent à se séparer de celles de nos parents et on commence à s’affirmer de plus en plus. Suivant de près la cause environnementale, j’ai fait des recherches sur les impacts du végétarisme sur soi-même et sur l’environnement, pour arriver à cette conclusion : non seulement la réduction de la consommation de viande, voire l’éradication, est bénéfique pour l’environnement, mais de plus, s’il est bien géré et qu’aucune carence de protéines ou de quoi que ce soit d’autre n’est présente, alors oui, c’est positif. Comme Aidan Gallagher, acteur, végétalien, adolescent âgé de 15 ans et militant de la cause environnementale l’a dit: « à nul stade dans sa vie un être humain n’a besoin de viande ». Pour moi, cette décision était basée à la fois sur des raisons éthiques et environnementales. Lorsque j’ai annoncé à ma famille que je souhaitais devenir végétarienne, elle a d’abord cru que je plaisantais ou que c’était une simple idée jetée en l’air. Mais non, pour moi, c’était un objectif que je souhaitais réellement atteindre. J’ai beaucoup parlé avec eux, des avantages, des inconvénients, de leurs conditions, de mes motivations. Ils avaient beau ne pas me comprendre, ils ont peu à peu accepté cela et je les en remercie.

Alors, pas à pas, étape par étape, je me suis rendue à mon but. J’ai d’abord tenté d’incorporer un repas végétarien par semaine, puis de plus en plus. J’ai cessé de manger du bœuf, puis du porc, puis finalement du poulet. Y aller graduellement m’a beaucoup aidé : j’ai eu le temps de trouver des alternatives plutôt que de me retrouver du jour au lendemain avec une absence de ressources, me constituant un autre problème sur les bras. Vraiment, selon moi, c’est la meilleure façon d’y arriver.

Aujourd’hui, la viande ne me manque pas du tout, étonnamment. Je suis la seule végétarienne de ma famille, bien que tous ses membres tentent de réduire leur consommation de viande. Je suis fière d’avoir pu arriver à me détacher de cet aliment. Tout le monde est capable, ça nécessite seulement un peu de volonté. J’ai appris à aimer des aliments auxquels je n’aurais jamais goûté et j’ai dû faire un effort pour trouver des alternatives, comme le tofu et les edamames. C’est certain, il y aura toujours à dire sur les possibles inconvénients du végétarisme, mais l’important, selon moi, c’est de saluer l’effort que chacun fait. Non, nous ne sommes pas tous végétaliens ou nous n’avons pas tous un mode de vie zéro déchet, mais on essaie de faire un effort et c’est ce qui compte. Et changer son alimentation, ça nécessite des efforts et de la volonté. C’est sûr, ça ne se fait pas en claquant des doigts ou en criant « ciseaux! », mais quand on atteint notre but, la réussite n’en est que plus satisfaisante. On est tous capable de fournir un effort, qu’on adore la viande ou qu’on la déteste. Pour ma part, j’aimerais éventuellement devenir végétalienne ou, à tout le moins, diminuer le plus possible ma consommation de produits d’origine animale. Et à ceux qui diront que se priver de quelque chose n’est jamais bien, je répondrai que toute décision d’une certaine envergure nécessite des sacrifices. Mais à mes yeux, ne plus manger de viande, ce n’est vraiment pas grand chose pour faire ma petite part environnementale.

 

Par Amelia Gélineau

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