Une langue en voie d’extinction ?

Avant de commencer votre lecture, je dois vous mettre en garde. Cet article est le portrait de mon opinion personnelle, mais évidemment pas celle de tout le monde. Il serait donc normal que mes propos vous choquent ou que vous soyez en désaccord avec ceux-ci. 

 

31 juillet 1974. Une nouvelle loi est en vigueur au Québec. Cette loi, c’est celle sur la langue officielle, ou la loi 22. Comme on vous a appris au primaire, le mot la est singulier. Depuis ce jour, il n’y a donc qu’une seule langue qu’on devrait parler au Québec et il s’agit du français. Malheureusement, j’ai remarqué que certaines personnes n’ont peut-être pas connaissance de cette loi ou, du moins, ne l’appliquent pas comme ils le devraient. À travers cet article, je vous exposerai mon opinion sur le sujet et, je l’espère, vous inciterai à respecter cette loi ainsi que tout ce qu’elle implique. 

 

J’ai grandi dans une famille où le français occupe une place considérable. Il va donc de soi que je ressente le besoin de la protéger. C’est ici que certains se demanderont « Mais la protéger de quoi ? » Au fond, je pense que c’est ça, le problème. Les gens ne sont pas assez informés. Bien sûr, dans les cours d’histoire de secondaire 4, on parle de l’histoire du vingtième siècle au Québec et de ce qu’elle implique, entre autres, le nationalisme québécois et la lutte des francophones pour sauvegarder leur langue, mais est-ce vraiment quelque chose qui intéresse des élèves de 15-16 ans, en dehors d’un cours qui va leur permettre d’obtenir leur diplôme d’études secondaires? Ce que je veux dire, c’est que, dans la vie de tous les jours, je trouve que trop peu de moyens sont déployés pour intéresser les jeunes au fait français.  

 

La langue est en déclin. Pour la sauver, c’est maintenant ou jamais. C’est une si belle langue, une langue difficile à apprendre pour ceux qui ne l’ont pas comme langue maternelle. Ne la prenez pas pour acquis, considérez-la comme un trésor, car c’est ce qu’elle est. Je ne nie pas que son orthographe est d’une grande complexité, mais s’il vous plaît, ne la détestez pas pour ça, ne la remplacez pas par une autre langue sous ce prétexte. Pensez aussi au fait que le français du Québec, il a une histoire, et quelle histoire! Si vous saviez le nombre de personnes qui se sont battues corps et âme pour elle, mais qui aujourd’hui doivent se retourner dans leur tombe en voyant ce qu’elle devient! 

Si mes paroles ne vous convainquent pas de l’ampleur de la catastrophe, alors je vais laisser les statistiques parler. De 2016 à 2021, le pourcentage de personnes parlant français à la maison au Québec est passé de 79% à 77,5%. Une chute de 1,5% en 5 ans. Cette baisse du nombre de francophones s’est faite au profit des anglophones. En effet, le pourcentage de personnes parlant couramment l’anglais à la maison a augmenté de 0,7%, passant de 9,7% à 10,4%. Les données que je viens de présenter concernent l’ensemble du Québec. Cependant, si on regarde du côté de la région de Montréal, la situation est encore plus grave. En effet, encore une fois, le pourcentage de francophones a diminué (de 65,9% à 63,8%, donc une diminution de 2,1%), et le pourcentage d’anglophones a augmenté (de 15,3% à 16,3%, donc une augmentation de 1%). Dans une autre situation, ces nombres pourraient vous sembler insignifiants et très petits, mais lorsqu’on parle d’une langue, en particulier avec tout l’historique du français au Québec, en remontant jusqu’à la Conquête ou aux révoltes patriotes, leur importance prend une tout autre ampleur. 

 

Plus tôt dans l’année, j’ai eu la chance de m’entretenir avec deux enseignantes de français de notre école, Isabelle Lalumière et Mélanie Caya.  

Voici le résumé de mon entrevue avec Mme Lalumière : 

Tout d’abord, l’enseignante m’a dit trouver que notre langue manque d’amour de la part de ses locuteurs. Elle pense également que l’anglais est beaucoup valorisé (très souvent au détriment du français) à différents endroits, par exemple sur les réseaux sociaux, dans les jeux vidéo, même à travers les paroles de rap en français, où des anglicismes se glissent. Selon elle, le « franglais » est de plus en plus présent dans les conversations du quotidien. Ceci étant dit, elle pense que, pour remédier à la situation, des campagnes publicitaires devraient être déployées afin de promouvoir le français et de le rendre aussi attrayant que l’anglais, ce qui pourrait inciter les gens à chérir leur langue au lieu de la repousser. De plus, des concours d’art oratoire, de poésie et d’écriture concernant la langue française pourraient être une bonne façon d’intéresser les jeunes à la langue de Molière. Vers la fin de l’entrevue, Mme Lalumière m’a confié trouver que l’effort est, en général, moins valorisé qu’avant et que, comme le français est une langue qui demande de l’effort, de plus en plus de personnes s’y désintéressent. 

 

Maintenant, voici le résumé de mon entrevue avec Mme Caya : 

Mélanie Caya a grandi dans une famille pour qui le français était d’une importance capitale et où l’anglais n’était pas le bienvenu. Pour eux, la culture québécoise était primordiale. Elle qui a vécu le référendum de 1980, elle considère qu’il y a eu un avant et un après à cet évènement. Petite parenthèse : le référendum de 1980 avait pour but de savoir si la population souhaitait ou non que le Québec devienne un pays. 59,56% des votants ont répondu « non » et 40,44% des votants ont répondu « oui ». Les Québécois ont dit non, alors le gouvernement n’est pas allé plus loin, même si un second référendum a eu lieu en 1995, mais la réponse a été la même, bien que les résultats aient été plus serrés (50,58% de « non » contre 49,42% de « oui ») Bref, après la défaite du « oui » dans les deux référendums, la question de la souveraineté, de l’importance de la langue à travers notre culture, s’est quelque peu… évaporée. Mme Caya est elle aussi stupéfaite devant les données que je vous ai présentées plus tôt, parce qu’un tel recul de la langue française, ça ne s’est jamais vu auparavant. Autre chose qu’elle n’avait jamais vu avant : des élèves qui se mettent à parler en anglais dans son cours de français! Elle se pose tant de questions sur l’avenir de cette langue qu’elle chérit.  Elle aussi a peur de ce qui pourrait lui arriver. Voici un passage qu’elle m’a dit, que je trouvais magnifique et que je tenais à vous partager : « […] Car ma langue à moi, elle est belle et elle mérite d’être apprise, chantée, aimée et même criée. Elle est la poésie de l’idée, l’émerveillement de l’enfance, les fourberies de l’adolescence, la recherche de l’adulte, la sagesse des anciens et l’espoir des disparus. Permettez-moi de vous l’insuffler encore un peu, j’ai tant à dire encore, avec elle. » 

 

En terminant, je tiens à vous dire une chose. Le but de cet article n’est pas de condamner les autres langues, de vous dire de ne pas les parler, au contraire, être bilingue, trilingue ou polyglotte est un privilège. Tout ce que je veux, c’est que l’on n’oublie pas la langue française, son histoire, son importance et ce qu’elle représente. Soyez fiers de la langue du Québec, unique en Amérique du Nord et unique tout court.  

 

 Par Catherine Boivin


Si ce sujet vous intéresse : 

Speak White (poème de Michelle Lalonde) : (8) [Texte et Parole] Speak White par Michèle Lalonde – YouTube 

D’autres articles sur le sujet : 

Pas drôle d’être jeune aujourd’hui | Le Journal de Montréal (journaldemontreal.com) par Richard Martineau 

Loi 101 au cégep | L’Association québécoise des profs de français se dit favorable | La Presse par Lia Lévesque 

Politique: pourquoi les Québécois sont-ils amorphes? | JDM (journaldemontreal.com) par Mathieu Bock-Côté 

[Opinion] Des Idées en revues | Le français à la croisée des chemins | Le Devoir par Charles Castonguay 

 

Bibliographie : 

Wikipédia, Loi sur la langue officielle (Québec) — Wikipédia (wikipedia.org) 

Gouvernement du Québec, Relevé des apprentissages | Ministère de l’Éducation et Ministère de l’Enseignement supérieur (gouv.qc.ca) 

Gouvernement du Québec, https://www.quebec.ca/nouvelles/actualites/details/constats-de-loffice-quebecois-de-la-langue-francaise-caracteristiques-linguistiques-de-la-population-du-quebec-en-2021-42892 

Wikipédia, Référendum québécois de 1980 — Wikipédia (wikipedia.org) 

Wikipédia, Référendum québécois de 1995 — Wikipédia (wikipedia.org) 

 

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