Qui était J.-B. Meilleur?

Certaines institutions sont si présentes dans notre quotidien qu’elles semblent ne pas avoir d’âge ni d’histoire. C’est le cas notamment de l’école secondaire Jean-Baptiste-Meilleur. Et pourtant…

 

L’histoire derrière le personnage

Jean-Baptiste Meilleur, un des descendants de Jacques Meilleur, capitaine du Régiment de Carignan, est né à St-Laurent, près de Montréal, le 9 mai 1796, d’une famille de cultivateurs. Il complète ses études classiques au Collège de Montréal de 1815 à 1818. Avant de s’inscrire en médecine à la faculté du Collège de Castletown, au Vermont, il commence tout d’abord des études en droit, mais il les abandonne très vite. Il étudie par la suite la philosophie au Collège de Middlebury, au New Hampshire. Il obtient son diplôme en médecine le 15 décembre 1824.

 

À son retour au pays, en 1824, Jean-Baptiste Meilleur s’établit à L’Assomption et soigne les malades à son bureau ou à domicile, c’est-à-dire dans les rangs éloignés. Il se distinguera, entre autres, par son zèle et sa charité lors du terrible fléau de choléra qui frappera la région entre 1832 et 1834. Le 26 juin 1827, il épouse Joséphine Eno, dit Deschamps, à la paroisse de la Purification de la Bienheureuse Vierge Marie de Repentigny. Entre 1828 et 1829, il enseigne la grammaire et l’arithmétique dans les écoles du village de L’Assomption.

 

De tempérament impulsif et nerveux, la médecine ne canalise pas toutes les énergies de cet homme. Aussi s’implique-t-il avec ardeur et ténacité dans les grands problèmes de son temps. C’est au secteur de l’éducation qu’il donne davantage de lui-même. Il s’intéresse aussi à toutes les questions municipales, politiques, éducationnelles et religieuses. Par sa parole et par ses écrits, il se fait le promoteur obstiné d’une institution d’enseignement secondaire pour son village. C’est à cet endroit qu’il fonde, en 1832, un collège classique avec l’aide du docteur Cazeneuve et du curé François Labelle. Le Collège de L’Assomption, où enseigne Jean-Baptiste Meilleur, est le sixième plus ancien collège du Québec et devient le premier foyer d’enseignement secondaire de notre région.

 

Le docteur Meilleur a également contribué à faire avancer la science par différents écrits parus dans les revues et les journaux de son époque. On lui doit des articles sérieux, pratiques et utiles, ayant trait à la science médicale, à l’éducation, à la géologie, à la botanique, à l’agriculture, à la chimie ainsi qu’à l’art épistolaire.

 

De 1834 à 1838, Jean-Baptiste Meilleur est à la fois député du comté de Leinster, marguillier de sa paroisse, syndic des écoles et praticien. Comme député, il a l’ambition de doter le Bas-Canada d’un réseau d’écoles primaires subventionnées par l’état et administrées par des syndics (commissaires) élus par la population. Ses idées nouvelles et sa compétence lui valent de devenir le premier surintendant de l’Instruction publique du Bas-Canada en 1842, poste qu’il occupera pendant treize ans, soit du 11 mai 1842 au 1er juillet 1855. Si le Bas-Canada comptait 50 écoles en région rurale en 1842, sous l’impulsion et la ténacité du docteur Meilleur, on en retrouvera plus de 1569 deux ans plus tard. Dans ses mémoires, celui-ci affirme d’ailleurs avoir contribué à la fondation de plus de 2000 écoles primaires, 45 écoles d’enseignement supérieur et préparé la venue de la première école normale du pays.

 

À partir de 1855, Jean-Baptiste Meilleur continue d’occuper des fonctions importantes au sein de l’administration publique. Il assume des tâches lourdes et variées. Il œuvre par la suite comme maître de poste pendant quelques années, pour ensuite être inspecteur des postes pour le district de Montréal et agent des ventes pour les timbres légaux dans la même ville. À sa mort, survenue à Montréal, le 6 décembre 1878, à l’âge de 82 ans, ses enfants n’héritent pas d’importantes sommes d’argent, mais reçoivent de leur père un nom illustre, symbole d’intégrité, de désintéressement et de dévouement à la cause de l’éducation.

 

Jean-Baptiste Meilleur était membre de l’American Association for the Advancement of Science, de la Société Médico-Philosophique du Vermont, membre correspondant de la Historical Society of Michigan et de plusieurs autres sociétés savantes. Par ailleurs, le gouvernement français lui a décerné le titre d’officier de l’Instruction publique et les Palmes Académiques. Malheureusement, les décorations de ce grade ne sont arrivées que le jour même de sa mort.

 

Cet homme infatigable peut donc, à juste titre, être cité en modèle aux jeunes d’aujourd’hui et de demain, car il a été à la fois médecin, pédagogue, administrateur, éducateur, écrivain, conférencier, créateur, innovateur et homme d’action. Dans l’éloge funèbre qu’il faisait du docteur Meilleur, l’abbé Bois expliquait:

La mémoire du Docteur Meilleur restera à jamais chère à ses compatriotes. Le temps ne l’effacera pas, et à mesure même que notre peuple vieillira, qu’il comprendra mieux l’importance de l’éducation, il honorera, de plus en plus, le nom de l’homme qui, le premier, a organisé ses écoles publiques, et l’a mis en mesure de tenir avec honneur sa place au milieu des populations instruites qui l’entourent. De tels services, un peuple généreux ne peut les oublier; ils font de l’homme qui les rend un bienfaiteur public, un des pères de la patrie; et la renommée du Docteur Meilleur brillera toujours dans notre histoire d’un pur éclat, à côté, au-dessus, peut-être des noms les plus fameux.
Abbé Bois, Éloge funèbre

 

À la suite d’un concours organisé pour les élèves de la Commission scolaire de Le Gardeur en 1963, celle-ci retenait son nom pour désigner ce qui allait être la première polyvalente de la région et qui est devenue aujourd’hui l’école secondaire Jean-Baptiste-Meilleur.

 

Recherche et rédaction:
Emmanuelle Fay-Henry et Amélie Terrault, sous la direction de Luc Papineau
Sources:
Vanasse, Marie-Paule Jean-Baptiste Meilleur BIOGRAPHIE (d’après la bilbiographie de monsieur Jean-Baptiste-Meilleur, Joliette, Edition privée, 1982, Réjean Olivier).
Auger, Mélany et Laflamme, Mélanie, «Monsieur Jean-Babtiste-Meilleur», journal Cent Commentaires Édition spéciale 30 ans.

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