Les cahiers d’apprentissage en ST depuis 2011: quels apprentissages?

En 140 caractères:

Vos élèves vont recourir aux cahiers d’apprentissage seulement en vue de la maîtrise de certaines connaissances théoriques.

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La réflexion de cet article porte sur les cahiers d’apprentissage du premier cycle du secondaire qui sont commercialisés par les principales maisons d’édition au Québec, soit Chenelière (Conquêtes), CEC (Origine), Grand duc (Mis-à-jour) et ERPI-Pearson (Univers l’Essentiel).

Qu’est-ce qu’ont en commun les cahiers d’apprentissage en science et technologie qui ont été publiés depuis 2011 au Québec? Ils sont volumineux (270 pages en moyenne), périssables, s’affichent tous « conforme à la Progression des apprentissages », ne sont pas approuvés par le MELS, sont complétés par des suppléments web, contiennent de nombreuses infographies… Voici pour la forme.

Maintenant qu’en est-il du contenu?

Conforme à la Progression des apprentissages?

Les cahiers contiennent certainement les connaissances attendues par la Progression des apprentissages. Par contre, ils présentent beaucoup trop de connaissances par rapport aux réelles attentes de ce document. Parfois, on y présente des connaissances qui seront étudiées plus tard. Par exemple, Mis-à-jour de première secondaire expose le calcul de la masse volumique (p.21) alors que ce concept devrait être étudié à partir de la troisième secondaire. À d’autres occasions, on y présente des connaissances hors-Progression des apprentissages. Ainsi, Conquêtes présente l’échelle de Beaufort (p.171), une connaissance rarement utile de nos jours.

L’enseignant averti analysera minutieusement le cahier d’apprentissage qu’il souhaite utiliser en classe de manière à conserver les pages où il est question de connaissances qui constituent bel et bien des attentes de la Progression des apprentissages du niveau où il enseigne. Au premier cycle, il s’assurera de s’arrimer avec ses collègues de l’autre niveau.

Les connaissances superflues que les cahiers mettent de l’avant seront utiles si et seulement si une tâche complexe requiert l’acquisition de ces connaissances. Par exemple, imaginons un projet de conception technologique d’un instrument météorologique. Il est possible que les élèves concevant un anémomètre artisanal soient appelés à s’approprier l’échelle de Beaufort pour mieux comprendre le contexte de l’utilisation d’un tel instrument. Dans ce cas, la connaissance serait utile à la réalisation de la tâche complexe, mais ne devrait pas faire l’objet d’une évaluation puisque ce n’est pas une attente de la Progression. Il en va de même pour une foule d’autres connaissances qui peuvent être utiles dans des tâches complexes.

Cahiers d’apprentissage et démarche d’apprentissage en Science et technologie.

Les principales démarches d’apprentissage en Science et technologie sont la démarche d’investigation scientifique, la démarche technologique de conception, la démarche d’analyse scientifique et la démarche d’analyse technologique.   Le CDP présente très bien l’esprit de ces démarches grâce à une série de quatre affiches splendides. Il existe toutefois d’autres démarches, moins connues en milieu scolaire: la démarche empirique, la démarche d’observation, la démarche de modélisation…

Quelle place occupent ces démarches d’apprentissage dans les cahiers d’apprentissage?

À peu près aucune. Il y a bien certains passages s’apparentant à la démarche d’analyse technologique lorsqu’on demande à l’élève de repérer des mécanismes, des liaisons… Par contre, on est bien loin du sens accordé à ces démarches dans le Programme de formation. Bref, ce qu’on devrait plutôt appeler des « Cahiers de savoirs et d’exercices » ne place pas l’élève au cœur des démarches qui sont au cœur du cours de science et technologie.

L’enseignant avisé

L’enseignant avisé, qui sait comment et pourquoi on apprend les sciences et la technologie, situera ses élèves dans des situations où ils vont être actifs en vivant des démarches d’apprentissage au cours desquelles ils devront acquérir des connaissances et des techniques et pendant lesquelles ils seront évalués dans le but de développer leurs compétences. C’est précisément l’esprit des SAÉ.

Les cahiers d’apprentissage ne proposent pas de SAÉ. Après les premières années du renouveau pédagogique, les éditeurs ont abandonné la production de SAÉ; rappelez-vous les volumineux cartables de l’époque.

L’enseignant avisé construira la planification globale de son cours autour de SAÉ idéalement ouvertes, contextualisées et intégratives, sans toutefois écarter l’acquisition et la maîtrise des connaissances.

Verdict

Si c’était possible, je suggérerais à l’enseignant avisé d’utiliser seulement les pages les plus pertinentes des cahiers d’apprentissage commerciaux, et ce, au moment qu’il jugera opportun. À cause du droit d’auteur, ce n’est pas possible.

Comme « on » exige peut-être que les élèves de son école remplissent les cahiers achetés à fort prix au moins à 70-80%, l’enseignant avisé ne fera pas acheter ces cahiers l’an prochain. Il tient à sa liberté de choisir, en tant qu’enseignant, les activités que ses élèves vivront pendant ses cours de ST.

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