Comme tous les jours, le garçon voit l’avatar moitié homme, moitié fauve approcher de lui dans la rue de cette immense cité. Il ne marche pas nécessairement dans sa direction. Il passe par là, c’est tout. Comme tous les jours, le garçon lève sa main, paume vers le haut, pour demander la charité. Comme tous les jours, l’énigmatique avatar ralentit pour lui tendre quelques crédits.

Mais au dernier moment, sa main s’immobilise.

Le jeune garçon baisse les yeux et regarde le sol afin d’éviter le regard de son mystérieux ami. Il devine que l’homme-fauve a remarqué ses blessures : l’œil enflé, la lèvre fendue et les nombreuses ecchymoses. À cet instant, il regrette d’être venu mendier, de ne pas être resté caché aujourd’hui. Il a honte de ses blessures. Mais il a faim, tellement faim. Que peut-il faire d’autre?

Le passant reste immobile un bon moment. Puis, sa main se retourne, s’ouvre et il la tend vers le garçon.

Le jeune homme ne comprend pas. Il relève les yeux et croise le regard de son bienfaiteur. L’homme-fauve qui le regarde a des yeux jaunes, des pupilles de panthère. Il sourit calmement.

« Ceux qui t’ont fait ça… Ils vont recommencer… Si tu ne fais rien. » dit-il. « Viens. Nous pouvons t’aider. »

Le jeune garçon hésite. Bien sûr, il a entendu parler du gymnase-dojo de l’homme-fauve. Tout ceux qui vivent dans la rue en ont déjà entendu parler un jour ou l’autre.

Il réfléchit un instant encore, puis saisit la main qui lui est tendue.