« DU SANG ! DU SANG ! DU SANG ! »

À en juger par les cris de la foule, là-bas dans l’arène, le match tire à sa fin. La jeune fille détourne les yeux et se concentre afin d’oublier les hurlements, les acclamations, le bruit…

Avant chaque combat dans l’OASIS, elle se retrouve à cet endroit précis : devant le miroir craquelé, dans les coulisses de l’arène, seule. Les deux poings plantés sur le comptoir souillé de sueur et de sang, elle fixe son propre reflet.

Elle ferme les yeux.

Comme d’habitude, les images prennent un moment avant de surgir dans son esprit. Au début, elles arrivent timidement, une par une. Son amie d’enfance. Les piles. Leur ruelle. Puis, elles se bousculent. Leur gang de rue. Leur repaire sordide. Ses frères. La police. Les poursuites. Les vols. La violence. L’arène. Les combats. L’argent. Et…

Ses parents.

Elle ouvre les yeux, à bout de souffle, le regard rempli d’une rage sans borne. Sans même qu’elle s’en aperçoive, ses griffes de diamant ont tracé de profondes crevasses dans le comptoir des coulisses.

« DE-MO-NA ! DE-MO-NA ! DE-MO-NA ! », crie la foule.

C’est son nom. C’est son tour.

Elle est prête.