Revan se souvient…

D’accord, d’accord, je vais raconter l’histoire à propos de cette Rorathik.

 

Ça ne s’est pas passé comme ça. On n’a jamais vraiment, vous voyez, interagi… Pas de poignée de main, pas d’embrassade, pas d’échange de regards et de respect mutuel. Je ne sais même pas quelle bouche il faudrait embrasser. Est-ce que ces saletés s’embrassent? Ça doit être compliqué…

 

Bref, voici comment ça s’est passé. J’étais dans les ruines de Dessanedi. Je venais de faire sauter une crypte, tout près de Yosh-ul, en cherchant un artefact, puis ils ont… surgi. Des douzaines et des douzaines et des douzaines de Goules, courant entre des colonnes, mais les colonnes étaient des Vers Nocturnes et les ombres derrière eux se sont élevées en crachant des sortilèges de Revenants.

 

Bien sûr, j’ai couru.

 

J’avais une route d’évasion, oui, qui était maintenant bourrée de Goules, mais j’avais aussi un plan d’urgence. J’ai grimpé la colline. Me suis planqué dans l’épave d’un vieux croiseur Phaeton écrasé là. Leur ai vidé mon arbalète à répétition en pleine gueule et, en me penchant pour recharger, je l’ai vu à l’autre bout du vaisseau: une Rorathik arborant les couleurs du Clan des Exilés et gradée comme une baronne. Elle était seule. Je pense qu’elle avait dû perdre son équipage.

 

Je n’avais pas vraiment le temps de la flinguer et elle n’avait pas vraiment le temps de me plomber, alors on s’est juste remis à canarder des Goules. Les Vers m’ont repoussé à découvert et plus haut sur la crête, sur un plateau rocailleux à l’ombre d’un vieux capteur d’interférométrie. C’était une bonne planque, alors elle y est remontée aussi.

 

Pendant un temps, on a juste liquidé des saloperies, ce qui n’est pas évident à rendre intéressant quand on le raconte, alors je vais continuer.

 

Les Revenants ont fini par se pointer. Je suis grimpé sur le capteur, histoire de me dégoter un angle de tir et elle s’est rabattue à la base de l’antenne où elle a brisé ses deux épées dans le flanc d’un Ver. Je l’ai vu faire… et je ne suis pas bien certain de pouvoir vous dire ce que j’ai ressenti. Elle était une créature vivante elle aussi, vous voyez, avec une conscience comme moi. Et elle ne m’avait pas hurlé à la gueule ou essayé de me bouffer la tronche. Lorsque le Ver est tombé, j’ai crié de joie comme une fillette.

 

Quand je suis redescendu, tous mes carquois vidés, elle était appuyée sur la carlingue, me dévisageant de ses petits yeux mauvais. Son sang noir lui pissait de partout. Le Ver ne s’était pas laissé crever sans peine. En contrebas, le dernier Revenant s’approchait avec une autre meute de Goules.

 

Je l’ai fixée longtemps et je me souviens m’être demandé combien d’innocentes vies humaines elle avait fauchées avec ses deux lames brisées.

 

Puis, elle a fait le truc le plus étrange qui soit. Elle a décroché son dernier pistolet à fusion et l’a jeté par terre entre nous, comme pour l’offrir. Quand je me suis penché pour le ramasser, elle a essayé de me poignarder. Mais elle était affaiblie… et lente. Quand je lui ai brisé les bras et que je lui ai tranché la gorge, elle n’a pas paru surprise.

 

Encore aujourd’hui, je me demande si elle me détestait, si elle voulait me forcer à la buter ou si elle avait simplement décidé de ne pas me laisser le choix.

 

J’ai flingué pas mal de goules avec ce pistolet.

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