Alors que le corps de l’homme-loup qu’elle vient d’éliminer tombe au sol, elle entend son amie crier son nom.

« MARIE-JAAAAAAADE ! »

Elle se tourne immédiatement, pour voir Audrey se faire emporter derrière la dernière maison au bout de la rue par un autre homme-loup.

Calmement, elle tire une nouvelle flèche de son carquois. Elle l’encoche, pince sa plume noire et soulève son arc devant elle.

Puis, elle ferme les yeux.

Elle sent les battements de son cœur, la sueur couler sur son front, l’air froid de la nuit sur sa peau.

L’homme-loup tient fermement Audrey par les cheveux. Il la tire sans ménagement derrière lui entre les tentes des gitans.

Marie-Jade entend les bruits de la bataille qui fait encore rage tout autour d’elle, les flammes qui dévorent la maison plus loin sur la rue, les pas des survivants qui s’enfuient vers le nord.

Quand Audrey tente de résister, l’homme-loup la frappe au ventre d’un coup puissant qui lui coupe le souffle et lui donne envie de vomir. Avant qu’elle puisse reprendre sa respiration, il recommence à la trainer à travers le champ de blé.

L’archère ressent les vibrations des pieds d’Audrey sur le sol de terre battue, les ondulations du blé prêt pour la récolte, les battements de cœur de l’homme-loup qui emporte son amie.

Elle décoche.

À travers une fenêtre brisée, la toile d’une tente et un champ de blé, la flèche vole. À l’autre bout du champ, l’homme-loup s’écroule.

Une unique plume noire jaillit derrière son crâne velu et ensanglanté.