Des débats québécois autour du vivre-ensemble!

Pour consulter l’introduction de ce thème, cliquez ICI
Intention pédagogique (MEES)

Tolérance: Faire prendre conscience aux élèves qu’il existe différentes façons d’envisager la tolérance. Prendre appui sur des cas particuliers puisés dans la littérature et dans l’actualité
pour amener les élèves à réfléchir sur l’indifférence, la tolérance et l’intolérance. Les amener à considérer diverses réponses individuelles et collectives apportées à l’égard de ces situations, notamment au Québec.

Dialogue: Prendre appui sur la capacité des élèves à planifier leur démarche et à structurer leurs idées ou leurs arguments pour les amener à maîtriser les diverses formes de dialogue et à évaluer des conditions qui en favorisent la pratique. Les élèves abordent des sujets qui portent sur des réalités complexes et souvent abstraites.

Forme du dialogue choisi: le débat
(Échange encadré entre des personnes ayant des avis différents sur un sujet controversé)

1. Pourquoi faire un débat?

En faisant appel au dialogue (notamment au débat), « on cherche à développer chez les élèves des aptitudes et des dispositions leur permettant de penser et d’agir de façon responsable par rapport à eux-mêmes et à autrui, tout en tenant compte de l’effet de leurs actions sur le vivre-ensemble » . De plus, « on cherche à développer chez les élèves un esprit d’ouverture et de discernement. »

En effet, « la reconnaissance de l’autre et la poursuite du bien commun constituent les deux grandes finalités » du programme ÉCR.

Le débat permet de prendre position sur un sujet (l’objet du dialogue) et de tenter de convaincre l’adversaire ou l’assemblée du bien fondé de cette position. Pour ce faire, il faut utiliser des arguments pertinents, cohérents et en nombre suffisant.

De plus, le débat permet de faire évoluer les idées de chacun. Il permet aussi de réfléchir sur les valeurs et les normes de la société pour favoriser des options ou des choix judicieux.

2. Forme de débat choisi: de style parlementaire (formuler une motion à débattre)

La motion porte sur un sujet de réflexion ou un problème à résoudre concernant des valeurs et des normes que se donnent les membres d’une société. Cette motion issue d’un sujet controversé est proposée par un député pour que l’assemblée exprime son opinion ou sa volonté. Cette motion est ensuite votée par l’assemblée. En classe, c’est le premier ministre qui va clarifier et présenter la motion à débattre.

La formulation d’une motion est :
Qu’il soit résolu que le gouvernement [appuie], [supporte], [interdise], [refuse], etc.

La motion est porteuse de TENSIONS ou de CONFLIT DE VALEURS

Les élèves distinguent, parmi les valeurs et les normes, celles qui sont en tension ou en conflit.

En fonction de cette prise de conscience, les élèves vont réfléchir aux arguments possibles en lien avec la motion à débattre.

3. Sujets à débattre

Cette année, je souhaite vous faire débattre autour du thème de la tolérance. Voici ce qu’on en dit dans le programme ÉCR du MEES:
(Clique sur l’image pour la voir en grand format) 

Plus particulièrement, sur des sujets qui ont marqués l’actualité québécoise en matière de tolérance depuis 15 ans. Des sujets qu’on pourrait regrouper en 5 catégories (c’est une classification discutable, une proposition…)

1- La place de la religion, de ses pratiques et de ses symboles dans l’espace public

De ce qui a été baptisé « la crise des accommodements raisonnables » en 2006 et donnant lieu à la Commission Bouchard-Taylor en 2007, jusqu’à l’adoption de la loi 21 en 2019, en passant par le débat sur la « Charte des valeurs » en 2013, plusieurs débats houleux autour du vivre ensemble au Québec ont porté sur place de la religion, de ses pratiques et de ses symboles dans l’espace public. On parle souvent de « laïcité » lorsqu’il est question de ces enjeux. On s’en reparle!

2- Le racisme et les mouvements citoyens pour l’égalité

Une autre série de débats houleux autour du vivre-ensemble au Québec concerne le racisme et débute probablement avec la naissance du mouvement Black Lives Matter aux États-Unis en 2013 et assurément avec la mort de George Floyd aux États-Unis en 2020 qui sera très médiatisée, même au Québec. Le mouvement qui milite pour la « justice raciale » amène une polarisation entourant la présence ou non du « racisme systémique » dans la société québécoise. Sans compter les débats autour du financement de la police! De plus, les gens sensibles aux injustices sociales et aux iniquités raciales sont souvent qualifiés de « woke », terme souvent utilisé de manière péjorative et ajoutant aux tensions sur ces questions. On y reviendra!

3- Les droits des Autochtones

Suite à la mort de Joyce Echaquan dans des circonstances troublantes à l’automne 2020, le Conseil des Atikamekw de Manawan et le Conseil de la Nation atikamekw déposent auprès des gouvernements du Canada et du Québec, le Principe de Joyce. Il s’agit d’une invitation à s’engager à faire tout notre possible comme citoyen ou membre du gouvernement pour que les Autochtones aient un accès équitable et sans discrimination aux services sociaux et de santé.

Toutefois, le Ministre québécois responsable des Affaires autochtones, Ian Lafrenière, a affirmé qu’il n’avait pas l’intention d’adopter ce principe, puisqu’il commande d’emblée une admission du « racisme systémique », que le gouvernement de la Coalition avenir Québec ne souhaite pas reconnaître.

Ajoutons que le premier ministre du Québec François Legault a fermé la porte à la possibilité de créer un jour férié pour souligner la Journée nationale des peuples autochtones. Du côté du gouvernement du Canada, on est allé de l’avant avec l’idée en faisant du 30 septembre un jour férié soulignant la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation au Canada. Bref, les tensions sont présentes!

4. La langue

Le projet de loi 96 présenté en mai dernier à l’Assemblée nationale du Québec vise à moderniser la Loi 101 afin de renforcer le fait français au Québec… Notamment en inscrivant dans la Constitution canadienne que le français est la seule langue officielle et la langue commune du Québec. Vous comprendrez que cela relance certaines tensions avec la communauté anglophone, mais aussi avec les allophones puisque la loi 96 obligera maintenant les immigrants à recevoir des services publics en français six mois après leur arrivée.

5- L’immigration

Depuis l’élection du gouvernement de la Coalition Avenir Québec (CAQ) et de son chef François Legault, la question de l’immigration a été très présente dans l’actualité : critères de sélection des immigrants, capacité d’intégration du Québec, valeurs québécoises, maîtrise du français et seuils d’immigration, les occasions n’ont pas manqués pour en discuter. Débattre de ces questions demeure relativement complexe toutefois, puisque les points de vue se cristallisent rapidement.

En lien avec ces 5 thèmes, voici les motions à débattre:

1- Qu’il soit résolu que le gouvernement réduise le seuil d’immigration à 35 000 personnes par année.

Pour consulter le dossier de presse, c’est ICI 

2- Qu’il soit résolu que le gouvernement reconnaisse l’existence du racisme systémique.

Pour consulter le dossier de presse, c’est ICI 

3- Qu’il soit résolu que le gouvernement interdise le port de symbole religieux visibles pour les travailleurs de l’État en position d’autorité.

Pour consulter le dossier de presse, c’est ICI

4- Qu’il soit résolu que le gouvernement adopte le Principe de Joyce.

Pour consulter le dossier de presse, c’est ICI 

5- Qu’il soit résolu que le gouvernement retire le nom et l’image de John A. Macdonald de l’espace public.

Pour consulter le dossier de presse, c’est ICI 

6- Qu’il soit résolu que le gouvernement fasse du 30 septembre un jour férié, afin de rendre hommage aux survivants des pensionnats pour Autochtones.

Pour consulter le dossier de presse, c’est ICI

7- Qu’il soit résolu que le gouvernement abolisse les programmes de « discrimination positive ».

Pour consulter le dossier de presse, c’est ICI

8- Qu’il soit résolu que le gouvernement limite l’accès aux Cégeps anglophones.

Pour consulter le dossier de presse, c’est ICI 

9- Qu’il soit résolu que le gouvernement oblige les immigrants qui arrivent au Québec  à apprendre le français dans un délai de 6 mois.

Pour consulter le dossier de presse, c’est ICI 

10- Qu’il soit résolu que le gouvernement  diminue le financement de la police au profit d’une hausse de l’injection d’argent public dans les soins en santé mentale et auprès d’organismes communautaires.

Pour consulter le dossier de presse, c’est ICI 

Crédit photo: Christinne Muschi/Reuters