Dans l’œil de René Poulin et de Ghislaine Audisio

Duo admirable, ils possèdent une histoire d’amour des plus improbables. 

À l’heure où l’amour se trouve sur toutes sortes d’applications douteuses, leur rencontre digne d’un conte de fée m’a gardée bouche-bée.

Rencontre atypique

Le destin les a effleurés alors qu’ils étaient à peine âgés d’une quinzaine d’années. Tous deux ont fait partie, par ricochet de connaissances à la recherche de potentiels membres, d’un organisme de correspondance internationale. Celle-ci en Europe. Celui-ci au Canada. Fruit du hasard, Ghislaine a reçu pour compagnon de lettre, René Poulin, résident du Québec.

Correspondance 

Ils ont fait connaissance par le biais de l’écriture l’équivalent de deux années complètes. C’est durant cette ère que, petit à petit, ils se sont prêtés au jeu et se sont véritablement connus. Le coût des interurbains étant exorbitant et Internet n’étant pas encore une option, ils avaient décidé de s’en tenir à l’écriture transatlantique pour converser. C’est pour ces raisons qu’une soif de se rencontrer s’était développée dans le cœur des deux adolescents. Retenu par le commerce familial, René l’avait invitée dans sa ville natale, Plessisville. Elle y est restée deux semaines, accompagnée d’amies. Une fois de retour chez elle, la cadence des lettres a augmenté considérablement. « On s’écrivait une fois par jour. […]  Le facteur était mort de rire […] Il savait très bien que c’était nos lettres d’amoureux […] On écrivait derrière les enveloppes : Vite, facteur, dépêche toi ! »  m’expliquent-ils entre quelques ricanements. Durant près de deux autres années, ils ont continué à s’écrire de cette façon avant de passer au prochain stade. À ce jour, ils gardent ces lettres précieusement dans leur demeure. On en compte près de 700!

Québec

C’est ainsi qu’à 19 ans seulement, Ghislaine est venue rejoindre son bien-aimé au Québec pour y résider. Une fois installée dans un appartement au cœur de Montréal avec son chéri, elle s’est retrouvée devant un moment critique. La demande d’immigration de la jeune femme fut refusée par le gouvernement en raison de son bas âge. Elle était alors considérée comme une simple touriste. Au bout de trois mois, Ghislaine serait jugée comme « illégale » si elle prolongeait son séjour. La simple idée de devoir se séparer à nouveau de continent leur était impensable. Une solution vint en tête aux tourtereaux : se marier. 

France

Alors qu’ils demeuraient au Québec, la pauvreté était leur colocataire. « René, il avait juste une bourse étudiante […] moi, je ne pouvais pas travailler », m’avoue Ghislaine. Comble de malheur, une crise économique frappe le Québec vers 1980. « Il y avait 30% de de chômage à Plessisville […] » continue-t-elle. Ils ont donc décidé de tenter leur chance de l’autre côté de l’océan, en France. Déterminé, René m’avoua qu’il était prêt à quitter son pays pour son épouse. Choix difficile? Certainement pas : « Moi, n’importe où, que ce soit au Québec, en France, moi, je n’ai rien trouvé dur. Du moment que j’étais avec Ghislaine, ça me convenait […] Mon minimum vital était là donc le reste était pas grave. » C’est ainsi qu’ils ont quitté le Québec pour Golfe Juan, tout près de Nice. 

Bonheur

Dans le pays de Molière, ils ont élevé leurs deux enfants, Agathe et Jérôme. Mariage heureux, deux merveilleux enfants, maintenant une panoplie de petits-enfants : ce duo vit le paradis terrestre. Ghislaine eut un doctorat en histoire après la naissance de ses enfants. René travailla dans un théâtre à Nice durant de longues années avant de prendre sa retraite. Ils possèdent aussi un gite dans leur demeure et accueillent des touristes à l’année longue. Même s’ils m’affirment qu’il est parfois difficile d’être loin de la famille Poulin, ils ne regrettent pas leur décision, admettant qu’ils sont fiers de la vie qu’ils mènent.

Mon chalet au Canada

Ayant caressé ce rêve durant des décennies, ils ont finalement acheté un chalet en rondin de bois au Québec. Ils y résident durant près d’un mois chaque année lorsqu’ils rendent visite à leur famille. C’est un moyen pour eux de garder, en quelque sorte, un pied au Québec. Pour le reste de l’année, il est disponible pour des locations via le site suivant : http://www.monchaletaucanada.com

 

Qui l’eût cru ? Il est encore possible de vivre des histoires d’amour à la Disney. Lâche Tinder et sort du papier… 

Par Rosalie Poulin

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